Sur les îles de Marseille, la protection des espèces et des milieux passe, par la mise en place d’actions de régulation des espèces envahissantes tant végétales qu’animales. Ces dernières posent en effet de véritables problèmes de conservation et de sauvegarde des espèces et des milieux originels.

A ce titre, des opérations dites de génie écologique sont menées pour en limiter leurs impacts.


 
 
La stérilisation des pontes de goéland leucophée
Afin de limiter l’impact de la population surabondante de Goéland leucophée sur la flore, le CEEP a mis en place depuis 2006 des opérations de stérilisation des pontes sur les secteurs riches en espèces végétales protégées.
Cette action, renouvelée chaque année, permettra de freiner le processus de dégradation et d’appauvrissement des habitats, observé sur les colonies de Goéland leucophée, en limitant les apports en matière organique par la suppression de la phase d’élevage des poussins.
La stérilisation des pontes empêche l’éclosion des œufs, permettant ainsi de limiter les apports en matière organique et en nitrates dus au nourrissage des poussins (plusieurs dizaines de tonnes par an de déchets provenant des décharges sont ramenées par les goélands) et aux déjections des jeunes.
La stérilisation se pratique en aspergeant les œufs avec de l’huile végétale qui obture les pores de la coquille et entraîne l’asphyxie de l’embryon, tout en laissant l’œuf en apparence intact. Le procédé empêche l’éclosion et limite les possibilités de ponte de remplacement puisque, après le traitement, les oiseaux poursuivent l’incubation parfois bien au-delà de la durée habituelle.
Après plusieurs années d’intervention, une telle opération devrait entraîner une réduction des densités de goélands nicheurs (et donc des perturbations) au niveau des zones traitées, les oiseaux se dispersant après plusieurs échecs de reproduction et s’implantant sur d’autres secteurs moins sensibles.
Le Goéland leucophée étant une espèce protégée au niveau nationale cette opération nécessite l’obtention d’une autorisation préfectorale pour pouvoir être réalisée.

Limitation des impacts des mammifères introduits
La prolifération des Goélands leucophées favorise le maintien et le développement des populations de phytophages introduits (Rats noirs, lapins) qui affectent les populations d’oiseaux marins.
Afin de limiter leur impact des rats sur les puffins, des opérations de régulation sont réalisées au sein des colonies d’oiseaux marins. Selon la taille des îles deux méthodes sont employées :

• sur les petites îles, les rats sont totalement éradiqués,
• sur les plus grandes îles, des opérations de limitation des densités de rats sur les colonies de puffins sont menées toutes les années durant les périodes sensibles de la reproduction de ces oiseaux, afin de favoriser le succès de reproduction.

La présence d’une importante population de Lapin de Garenne est également à l’origine d’importantes perturbations sur les espèces insulaires Elle peut, en effet, entraîner une destruction des nids de Puffin cendré situés en zones sableuses. Des terriers artificiels ont donc été installés sur certaines colonies d’oiseaux afin de proposer des nids de substitution lorsque les terriers étaient détruits.

Pour plus de renseignements : www.oiseaux-marins.org

Depuis 2006, des opérations de régulation des densités de Lapin de garenne sont menées dans les secteurs les plus fragiles de l’île de Riou afin de protéger la flore et les oiseaux marins. Lors de ces opérations, les lapins sont capturés à l’aide de pièges spéciaux puis confiés à la Fédération Départementale des Chasseurs des Bouches-du-Rhône qui, en partenariat avec l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), attribue les animaux aux sociétés de chasse des environs de la Réserve Naturelle afin qu’il soient utilisés comme gibier de repeuplement et relâchés dans des secteurs non chassés.

La limitation des espèces végétales envahissantes
Sur les îles, des espèces végétales envahissantes (Figuiers de Barbarie, Luzerne arborescente,…) se développent au détriment de la flore originelle et contribuent à la diminution de la biodiversité floristique. Il faut donc prévenir de nouvelles introductions et contrôler ou limiter les espèces déjà établies sur les espaces sensibles. Des opérations d’arrachage de ces espèces envahissantes, nécessitant l’aide de bénévoles, sont donc organisées régulièrement sur les différentes îles.

Mise en défens des espèces végétales
Afin de protéger du piétinement les stations végétales les plus menacées, des treilles de protection, constituées de piquets de bois et de fils de fer croisés, sont installées dans certains secteurs dégradés. Ces aménagements légers permettent d’empêcher le passage des promeneurs en les incitant à utiliser les sentiers balisés. Ce genre d’installations peut également servir de substitut si la construction de murets bas ou la réfection de murs de soutènement n’est pas réalisable.

Sur certains secteurs des îles des exclos sont également construits de manière à protéger certaines espèces végétales (Coronille de Valence et Plantain à feuille en alène) du broutage par les lapins et les rats.


Afin d’en évaluer leur efficacité, ces différentes opérations de génie écologique doivent s’accompagner d’études et de suivis qui permettront de suivre l’évolution des écosystèmes face aux diverses perturbations